Faut-il que la République Tchèque accepte l’euro ?
L’euro, le garant de la stabilité macroéconomique
Au niveau macro-économique l'introduction de l'euro présenterait plusieurs avantages. D’abord, avec l'entrée dans la zone euro, les dirigeants de la Banque nationale tchèque pourraient participer à la politique monétaire de la Banque centrale européenne. Cet organisme décide des taux d'intérêt directeurs, un processus primordial car il influence fortement le fonctionnement de l'économie européenne dans son ensemble mais aussi les économies nationales.
Ensuite, par l’acceptation de l’euro, la République tchèque serait exposée à une pression accrue en matière de discipline financière, dont l'exécution serait également soutenue par la menace de sanctions. Et avoir des finances publiques saines et bien gérées est également dans l'intérêt de l'économie tchèque. Ce n'est que par intermédiaire d'une gestion gouvernementale très prudente des finances publiques que l’État peut faire face aux nombreux défis contemporains, tels que le problème du vieillissement de la population, de la croissance économique durable et de l'emploi.
L’eurozone, « le gardien » des investisseurs
L'économie mondiale du XXIème siècle avec ses flux de capitaux entièrement libéralisés est plus sujette à l'apparition et à la propagation rapide de crises financières. L’économie tchèque a connu de mauvaises expériences dans ce domaine, comme en 1997 lorsque la couronne tchèque a subi la forte pression des spéculations étrangères et intérieures. Cela souligne encore la vulnérabilité des petites économies ouvertes aux chocs des marchés financiers.
De plus, le fait que les Tchèques ne fassent pas partie de l'eurozone cause d'assez graves problèmes aux investisseurs. Bien sûr, il y a des coûts de transaction, mais la versatilité de la couronne tchèque détourne également de nombreux investissements vers la Slovaquie. Même Volkswagen a quitté le territoire tchèque et est parti en Slovaquie où il peut compter sur l’euro et sur les investissements à long terme. De ce point de vue, l’appartenance à la zone euro peut être perçue comme protectrice des économies contre les crises subversives de change. Elle contribue de façon importante à la stabilité monétaire du pays.
La question du refus de l’euro est-elle posée ?
Comme cela était déjà mentionné, en ratifiant le traité d’adhésion à l’Union européenne, la République tchèque s’est aussi engagée accepter la monnaie commune. Il semble donc non pertinent de soumettre cette question à un référendum, comme l’a proposé le Premier Ministre Petr Nečas. En réaction à l’estimation du Président Zeman à l’adoption de l’euro dans les prochaines cinq années, il a souligné qu’étant donné que la République tchèque est une démocratie parlementaire, le Président ne peut pas influencer une telle décision. Par contre, il faut se rendre compte que, malgré cela, on a pu observer l’influence assez considérable de l’ancien président Klaus sur l’opinion publique par son engagement très eurosceptique.
De surcroît, Zuzana Roithová, députée européenne et candidate à l'élection présidentielle, affirme qu’en principe, elle est évidemment pour l’adhésion à l’eurozone car il faut respecter ses engagements. Elle est persuadée qu’à l'horizon de cinq ou six ans, les Tchèques seront prêts à rejoindre la zone euro. Il semble donc évident que, bientôt, la République tchèque fera face à son engagement et prouver sa crédibilité.
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Attention à la précipitation !
Avec l'adhésion à l'Union européenne en 2004, la République tchèque s'est engagée à adopter l'euro dès qu'elle aura rempli les critères prévus, notamment "les critères de Maastricht". Cependant, aucune date n'a été fixée préalablement pour le passage à l'euro. Ainsi, la vraie question est de savoir quand procéder à son adoption.
En partant sur l'hypothèse réaliste d'une adhésion possible à l'horizon 2017, le pays devra faire deux choix essentiels. Premièrement, il faudra décider soit de reporter l´adhésion, soit d'y procéder dès que tous les critères seront remplis. Deuxièmement, en cas de choix de la seconde variante, il faudra décider d'organiser ou non un référendum. Certains sont mal à l'aise avec cette idée en raison d'une possible victoire du "non". A cet égard, il faut souligner qu'il est d'autant plus légitime de demander l'approbation des citoyens que l'UE doit faire face à des critiques croissantes de déficit démocratique. En effet, il est possible que la population désapprouve l'adoption de l´euro, comme ce fut le cas en Suède. Une telle éventualité ne signifierait nullement l'écartement de l'euro pour toujours mais traduirait un état d'immaturité pour l'adhésion. Conformément à ce qui précède, il convient de souligner pourquoi il est opportun de ne pas précipiter l'adoption de la monnaie unique.
Une politique stratégique menacée
Certains avancent que cela permettrait de faciliter l´exportation d'une part et de mieux résister aux spéculations sur la monnaie de l'autre.Certes. Pourtant, ces arguments omettent un fait crucial : une fois l'adoption de l'euro approuvée, l'Etat renonce au monopole de la maîtrise de l'un de ses domaines stratégiques, celui de la politique monétaire. En effet, il s'agirait de se priver définitivement, au profit de l'Union européenne, d'un instrument majeur de gestion des problèmes économiques tels que la récession ou le chômage. En pratique cela se traduirait premièrement par l'impossibilité de dévaluer la monnaie nationale, ensuite de réduire les taux d'intérêt, finalement d'augmenter la dette publique. Cette emprise sur sa politique monétaire a permis à la République tchèque de réduire l'impact de la crise actuelle sur son économie au minimum, tandis que les pays membres de la zone euro semblent être parmi ceux les plus touchés par la crise, cette prérogative relevant désormais de la compétence de la Banque centrale européenne.
Un statu quo inconvenant
En janvier 2013, David Cameron, le premier ministre du Royaume-Uni, a évoqué la crise de la gouvernance de la zone euro pendant son célèbre discours de Bloomberg. En effet, jusqu'à présent, l'Union européenne, et plus particulièrement la gouvernance de la zone euro, ne remplit pas les conditions nécessaires pour une politique monétaire commune gérée efficacement au niveau européen. Non seulement elle n'est pas dotée d'une réelle politique budgétaire et économique commune, mais également ne dispose ni d'une légitimité suffisante ni d'un exécutif fort. Ainsi, en cas de conjoncture économique défavorable, elle n'est pas en mesure de coordonner l'action ni de l'adapter aux besoins de chacun des Etats membres. Or, cela semble fatal en cas de "choc asymétrique", c'est-à-dire de réactions différentes de la part des Etats à certains événements économiques. En effet, certains pays sont plus affectés que d'autres par les changements de conjoncture économique, ce qui peut entraîner certains Etats dans des situations précaires en l´absence de mécanismes de coordination et de solidarité.
Entre logiques politique et économique
Les données de l'Eurobaromètre relèvent que les citoyens des Etats membres de la zone euro sont les plus pessimistes voire eurosceptiques vis-à-vis de l'Union européenne, car les plus touchés par la crise. Ce fait illustre bien une certaine défaillance au niveau de la zone euro et de sa gouvernance. Ainsi, adopter la monnaie unique dans ces circonstances s'avère, du point de vue économique, non seulement déraisonnable mais aussi suicidaire. Il est clair que pour des raisons politiques, la République tchèque devrait, tôt ou tard, accepter l´euro sous peine de se voir discréditée face à ses partenaires européens. Néanmoins, avant de s´engager dans la direction d'une monnaie unique européenne, il faut absolument que l'UE soit réformée. Il est simplement intenable que l'Union qui reste à mi-chemin entre confédération et fédération, à mi-chemin entre marché intérieur et union économique et monétaire, se prétende compétente pour assurer une politique monétaire commune.
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