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Pour ou contre la position ni-Macron ni-Le Pen ?

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A quelques jours du second tour, de plus en plus de voix se font entendre en faveur de l'abstention. La position ni-ni (ni Macron ni Le Pen) est une voie qu'emprunteront probablement une grande partie des électeurs indécis, comme le Pape. Quelles sont les conséquences d'un tel choix ?

Le ni-ni ou le choix de tous les dangers

Szerző
2017. 05. 05. - 17:22
Dimanche 23 avril, 20 heures. Les Français, devant leur télévision, découvrent les deux candidats qualifiés pour le second tour de l’élection présidentielle : Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Certains exultent, d’autres enragent mais beaucoup restent empreints d’une déception non dissimulée. Déçus du duo final qui leur est proposé, déçus d’avoir voté "contre" et non "pour" un candidat… les raisons sont nombreuses.

Si la déception a conquis le cœur d’une partie des Français, personne ou presque ne fut surpris par ce duo gagnant. La surprise résida peut-être, pour certains, dans la qualification d’Emmanuel Macron. La victoire de Marine Le Pen, elle, était actée dans l’esprit de beaucoup de Français…

Vous avez dit Front Républicain ?

Face à ce bouleversement de l’échiquier politique, le Front Républicain est devenu une formule vidée de sa substance. La gauche et la droite républicaines ne peuvent plus s’unir. Les zones de séparation se sont déplacées : le clivage gauche-droite s’est complètement brouillé dès les premiers jours de l’élection. Il a laissé place à une opposition entre la France de l'ouverture et celle du repli, un clivage qui transcende les partis. Le 7 mai, il s’agira de savoir quelle vision de la France nous voulons transmettre au reste du monde : une France fière de ses valeurs, de son histoire, qui porte un projet d’optimisme pour notre pays ou bien une France de l’échec qui préfère se fermer plutôt que d’affronter de l’intérieur les problèmes auxquels elle est confrontée.
Si nous sommes dans l’impossibilité de former un Front Républicain, rassemblons-nous au moins autour de l’ouverture, de l’espoir et de l’optimisme pour nous prouver et prouver au monde que la peur n’a pas gagné.

Une issue certaine ?

Contrairement à beaucoup de mes ami.e.s je ne pense pas que l’élection soit faite. Le résultat dépendra de l’abstention. Il suffit qu’une proportion importante des électeurs s’abstienne de voter pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen deviendra notre présidente pendant au moins cinq ans.
Le physicien Serge Galam, chercheur au CNRS et à Sciences Po montre que "l’abstention différenciée", qu’il a théorisé, peut faire mentir les sondages et par la même changer le cours de l’élection. Imaginons que Marine Le Pen ait 42% des intentions de vote et Emmanuel Macron 58% dans les sondages. Imaginons maintenant que 90% des électeurs de Marine Le Pen aillent voter pour elle le 7 mai. Dans ces conditions, il faut que 65,17% des électeurs d’Emmanuel Macron votent pour lui pour qu’il l’emporte. Ce qui signifie que si, dimanche prochain, 65% des gens qui disent vouloir voter pour Emmanuel Macron le font effectivement, Marine Le Pen remporte l’élection avec 50,07% des suffrages, devenant ainsi la nouvelle présidente de la France.
Si le taux plancher de 65,17% permettant la victoire d’Emmanuel Macron peut paraître faible, il ne l’est pas tant que ça. Le taux d’abstention promet d’être le plus élevé de l’histoire de la Ve république et le report de voix entre le premier et second tour tout à fait incertain. En témoigne la part non négligeable de Républicains qui décideront de voter Le Pen ou bien de ne pas voter du tout ; ou encore les Insoumis qui sont favorables pour plus des deux-tiers au vote blanc ou à l’abstention. Pour reprendre les mots de Robert Badinter, ne pas appeler à voter Macron "c’est une erreur politique si c’est un choix tactique, mais c’est plus grave encore si c’est l’expression d’une conviction".

Non, le 7 mai ne vous abstenez pas de choisir ! 

Opter pour le choix de ne pas choisir reste le plus dangereux pour le second tour. Ne pas choisir c’est placer dos-à-dos Marine Le Pen et Emmanuel Macron comme si l’un valait l’autre.
"Ni facho, ni banquier" pouvait-on lire sur les banderoles des manifestations de la semaine dernière. Ne nous laissons pas emporter par nos sentiments et ressentiments et tentons d’être rationnels : nous ne pouvons pas comparer un ancien associé de chez Rotschild et Cie à un représentant du Front National. Ne nous laissons pas dépasser par les fausses rumeurs et les sous-entendus. Dans cette ère où la post-vérité est reine, partons à la recherche de la réalité des faits.
Non, le Front National n’a pas changé. La stratégie de dédiabolisation est aussi ancienne que le parti lui-même. L’histoire du Front National est l’histoire de sa dédiabolisation. Il a tenté, ces dernières années, de se construire une façade politique respectable en médiatisant ses exclusions et en organisant un parricide en règle, nous laissant croire qu’un nouveau Front National était né. Mais pour reprendre les mots du dernier opposant de Marine Le Pen "c’est de la poudre de perlimpinpin". Jean-Marie Le Pen le disait ces dernières années: "Je reconnais mon FN dans le FN de Marine Le Pen. Il n’y a rien de changé. La ligne politique reste la même". En effet, le leitmotiv des discours du FN reste l’immigration, l’insécurité, l’identité, la xénophobie et l’islamophobie. Et les mots pour le dire restent les mêmes. Le débat de l’entre-deux-tours en fut un parfait exemple.
N’attendez pas de Marine Le Pen qu’elle combatte le terrorisme : elle s’en nourrit. Son projet pour la France n’a d’objectif que la division des Français. Ne nous perdons pas dans ce qui nous différencie, mais concentrons-nous sur ce qui nous rassemble. Il n’y qu’ainsi que l’on pourra faire société.
Souvenons-nous de notre devise : Liberté, Égalité, Fraternité. Ce sont nos valeurs les plus chères que Marine Le Pen ne cesse de remettre en cause : en refusant l’entrée de ses meetings à des journalistes (où est la liberté ?), en souhaitant faire des distinctions entre les Français uninationaux et les Français binationaux (où est l’égalité ?) ou bien encore en promettant de reconduire les migrants au large des eaux françaises, les conduisant ainsi à une mort certaine (où est la fraternité ?).
Souvenons-nous de notre histoire. Souhaitons-nous déléguer notre pouvoir à un parti pour qui "les chambres à gaz sont un point de détail de l’Histoire" ou bien pour qui "la France n’est pas responsable" de la rafle du Vel d’Hiv, comme l’a récemment soutenu Marine Le Pen ?
Il y a trop d’incertitudes autour du Front National pour que l’on puisse risquer de lui accorder les pouvoirs immenses dont dispose le président en France. Qu’est ce qui nous garantit que Marine le Pen ne s’accordera pas les pleins pouvoirs pour un temps indéterminé si des manifestations surgissent après les élections. Rien.

Alors oui, je ne laisserai jamais dire ni même insinuer que Marine Le Pen et Emmanuel Macron se valent, ce serait faire injure à nos valeurs, à l’Histoire, à la République et à la France.

Le 7 mai, s’abstenir ?

Le 7 mai, un seul choix s’offre à nous car l’abstention n’est pas une solution, c’est laisser la porte ouverte au Front National.
Abstentionnistes, le 7 mai ne votez pas pour Emmanuel Macron mais bien contre Marine Le Pen. Ne montrez pas votre mécontentement du choix qui nous est laissé en votant blanc ou en vous abstenant : les probabilités sont contre la France. La roulette russe serait lancée et nous risquerions de voir Le Front National au pouvoir. Dénoncez le choix qui nous est fait s’il ne vous convient pas, mais dénoncez-le par le vote : montrez votre mécontentement aux prochaines élections législatives. Le faire dès dimanche serait en défaveur de la France, serait en notre défaveur à tous.

 

Dimanche prochain, souvenez-vous que le 7 mai est la veille du 8 mai…

 

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